Lundi 7 mai 2012 lendemain de la course

Allez, le dernier pour la route parce qu'après, je perds la connexion et que demain on lève le camp pour passer huit jours à Sydney où on va un peu rigoler et penser à autre choses qu'au cardio et au chrono.....
 
Donc, réveil à 4h30 du mat après une nuit super calme grace à la posologie de Cyril Toto, à savoir un Donormil et tout le monde au lit !
Petit dèj, mais vous avez eu la photo puis descente à pied dans le noir jusqu'au parc à vélo, en gros,15 mn en trainant et en regardant les services municipaux installer les barrières Vauban qui ceinturent le parcours vélo et C.A.P qui passent tous les deux devant notre hôtel.
On retrouve tout le monde (Réunionnais et Calédoniens) et chacun s'affaire à bidouiller dans son coin, à savoir, installer les bidons, vérifier les pressions de pneus et revêtir la combi en s'enduisant de vaseline pire que si l'on devait aller se faire sodomiser par King Kong.
Là, je ne sais pas ce qui me prend, mais contrairement à mon habitude de ne toucher à rien, me v'la en train de brancher une pompe sur mon pneu avant, et pouf, à peine clippée,je me retrouve à plat de l'avant en trois secondes!
 
Coup de stress énorme, j'avais bien besoin de ça! Daniel est sur le coup immédiatement, Calme,Olympien,Biau quoi! il me tombe la roue et remonte une de mes deux chambres de secours pour remplacer celle qui vient de lacher au niveau de la valve sans que l'on sache pourquoi.
ça fonctionne.... sauf que .... impossible de laisser le prolongateur en place dessus car vissé dessus elle dégonfle lentement mais sûrement et que, lorsque le dit prolongateur est enlevé, on aperçoit la tête de valve qui est dangereusement près du bord de la jante, avec par conséquent, le risque que dans les vibrations de la route , elle percute peu à peu dessus en se vidant ... ça va être ma hantise tout le long du vélo.
 
Well,à ce moment précis, il est 6h25 et le départ est prévu à 6h45 à environs 400m de là. Tout le monde quitte le parc à vélo et s'achemine doucement vers le slip de mise à l'eau, bonnets sur la tête , cou graissé et combi remontée.
Je réalise que je me retrouve avec une seule chambre à air...Isabelle qui traîne encore dans les parages m'apparaît comme la seule solution.L'hôtel est à un quart d'heure (en marchant), c'est jouable (en courant vite), je lui demande de remonter dare dare m'en prendre deux dans mon stock et de me les ramener;
Commence alors l'attente la plus longue que l'on puisse imaginer, peu à peu le parc se vide, je me retrouve seul avec les arbitres à attendre sans même me rendre compte que l'un d'eux beugle au micro que le compétiteur numéro 1185 a son bonnet et ses lunettes plus son sac qui traînent par terre.... et pour cause c'est moi, accroché à la grille comme  une bernique à son rocher à guetter le retour d'Isa.
Les minutes s'allongent, je bats à 160, Tous les autres sont déjà au loin et je finis par trouver un deal avec un arbitre sympa qui me promet de me poser les chambres sur ma selle dés que la French Woman sera de retour.
Je peux vous assurer qu'à ce moment là, tout le monde à froid sauf moi, je suis le seul à être couvert de sueur et à fumer dans le jour naissant !!!! deux poignées de vaseline dans le cou et c'est parti à fond en me contorsionnant pour remonter la fermeture éclair de la Blue Seventy.Heureusement, j'aperçois Isa revenir de loin et je me tranquilise en la voyant se faire harponner par l'arbitre sus-nommé.C'est bon, j'aurai de quoi réparer si ça casse.
 
Dix minutes plus tard, me voilà accroché à la bouée du large en compagnie de Fred, Toto, Vince et Régis,( un calédonien) à écouter l'hymne national et à attendre le coup de canon libérateur.
 
C'est parti, grosse lessiveuse, comme d'hab mais faut faire avec, les Aussies sont vraiment comme du bétail, il vous passent dessus pire que la vérole sur le bas clergé, mais on fini par s'habituer , c'est comme tout.(et comme la vérole aussi)
Je m'applique à poser ma nage et à faire du cap, rester dans les poches vides en gardant un oeil sur la prochaine bouée, déjà que je ne suis pas Mosconi, autant faire la distance et pas plus.C'est déjà ça.
Tout va bien, le coeur redescend,je retrouve mon calme, le coup dur est avalé et je me persuade que l'incident est clos....surtout que , sans me lancer des fleurs, je sens que j'avance plutôt bien, mais la Blue Seventy de Fred y est aussi pour pas mal ( merci vieux, faudra que je te renvoie l'ascenseur)...quelque part au fond de moi, une petite voix me sussure qu'il y a quand même encore une couille qui traîne dans le potage....impossible de mettre le doigt dessus, mais y'a quelque chose qui cloche....
Bon.
Arrive la bouée du fond, là, surprise, je me retrouve avec Fred Boutin à virer quand soudain, grosse illumination, je réalise en me les mordant que je suis le seul à avoir son vélo avec les bidons tragiquement à sec dans le parc vu qu'avec toutes ces conneries je n'ai pas pensé ni eu le temps de les remplir en arrivant.
GAG !
La vie est dure mais faut faire avec...continuer malgré les emmerdes et poser sa nage , c'est ce que je vais me répéter pendant une heure quatorze, pose ta nage Coco ! et immaginer un stratagème tout en nageant pour ne pas perdre trop de temps à remplir ces putains de bidons avant de décoller pour l'étape du tour de France.
Surprise, au virage du milieu de course je me retrouve avec Toto dans les pattes, ce qui me remonte un peu le moral et me fait penser que je ne suis pas si naze que ça ou alors que c'est lui qui s'est noyé en route. Mais j'en doute.
 
Sortie de l'eau, soudoyage de la préposée au Gatorade avec un sourire en tranche de papaye pour qu'elle me laisse filer avec un demi bidon de un gallon récupéré sous la table pour mon remplissage et hop, c'est parti pour le pédalage joyeux sous un ciel bien dégagé.
Fred me passe dans la côte du troisième kil et le premier tour est avalé dans la joie et la bonne humeur. Je croise du monde connu (y'a 14 caldoches dans la course sans compter les 6 autres réunionnais, ce qui fait que, en moyenne tous les dix kils j'entends des "Allez Rourou !" ou c'est moi qui interpelle tout aussi bruyamment.Cyril est le seul que je ne verrai que plus tard en course à pied, idem pour lui, à tel point qu'il m'avouera plus tard avoir psychoté un brin, car ne me voyant pas, lui aussi, il pensera que j'ai abandonné sur crevaison...j'ai oublié de préciser que c'est lui qui m'a fourgué la chambre à air en latex qui a merdé dés le début.Enfoiré de Toto !
 
Gros coup de mou entre le kilomètre 135 et 150, prise de sel plus BCAA et tout rentre dans l'ordre.Eric m'a passé ses ZIPP qui font merveille et qui ne demandent qu'à être propulsées, mais je me méfie et contairement à l'entraînement, je reste volontairement en dedans car l'expérience des précédents Ironman m'a montré que si on se lache trop en vélo, on le paye à pied ensuite.
Vaut mieux perdre un quart d'heure sur 180 kils et gagner 45 mn à pieds ensuite sur 42. Le futur me donnera amplement raison puisque mes laps de course à pied seront quasiment identiques sans le traditionnel effondrement qui caractérise l'épuisement de fin de course.
 
Posage du vélo dans l'euphorie, la chambre a tenu !
 
Maintenant, aux Bondy de parler. J'ai bien veillé à m'alimenter à chaque ravito, un gel tous les 35/40 bornes, deux pastilles de sel, alternées avec deux sporténines et deux BCAA par demi-tours et des cookies à chaque passage au ravito plus une banane par tour...vraiment pas le temps de s'ennuyer et comme dit Cyril Toto, tous les quarts d'heure y'a un truc à prendre ou à sucer. Ah, j'oubliais, et deux di- antalvics pour tuer la douleur, un par tour. Vive le paracétamol.
 
ça court, ça court, la vie est belle et le public répond présent. premier tour avalé sur la sensation puis coup de mou sur le deuxième, reprise du traitement à l'identique que sur le vélo et le troisième tour arrive en même temps que la nuit. Passage au "spécial needs" course à pied où l'expérience de l'an passé m' a fait déposer un sac avec une polaire qui va m'aider à vaincre le froid. Pas question de risquer la disqualification pour m'être fait aider comme l'an passé et où Eric m'avait rhabillé devant l'hôtel à 20 m d'un arbitre. Déjà que j'ai joué gros en m'arrêtant pisser deux fois dans les bois , alors que c'est vigoureusement interdit, faut s'arrêter en zone de toilettes publiques( le père de Vernay, Guy, s'est d'ailleurs fait disqualifier pour cette raison alors même qu'il finit deuxième de sa catégorie et qu'il avait ainsi son slot pour Hawaï en poche...!)
 
La forme est là, la perte de poids plus l'entraînement payent enfin et je sens que j'en ai sous le pied, je croise et recroise tout le monde, je prends même le temps de demander à Coco et à Fred comment se passe leur dépucelage dans l'activité, ils ont l'air heureux, donc tout va bien.
Que ce soit Laurence , Isabelle ou tous les Calédoniens, les potes sont équitablement répartis sur le circuit et les encouragements fusent de partout.
Passé un moment, je me rends compte que tout le monde est rentrant à la base, donc, pas de soucis, on peut se lacher.
Gueguette qui se plaignait du froid sur le vélo tient bon le coup et comme on se croise dans les même zones approximativement, tous les voyants sont au vert.
Plus aucun souci, au dernier demi tour à Settlement Point, je me hasarde à regarder mon chrono et je comprends que je vais atteindre mon objectif de base qui était de passer sous la barre des 12H30.
ça baigne, ça rentre dans la joie et la bonne humeur , surtout que l'heure aidant, le public se fait de plus en plus pressant autour de l'arrivée et c'est comme à chaque fois le déboulé dans le dernier kil avant le boulevard de la gloire, ce putain de couloir qui vous paye pour une année durant de toutes les souffrances et privations acceptées, voulues, endurées pour ce moment là.
Putain de sensation.
En plus cette année,conformation du terrain oblige,  ils ont du resserrer les barrières Vauban,ce qui fait qu'en se tenant pile au milieu du tapis les bras ouverts en croix, on touche les mais tendues de tout le public de chaque côté qui hurle pendant les 150 derniers mètres.
Et je ne m'en prive pas, j'en reprends pour un an, ça hurle de partout, le compteur de l'organisation est d'accord avec ma montre, encore un peu et on friserait presque l'éjaculation précoce.....
Passage de la ligne en hurlant de bonheur et de l'autre côté, y' a Fred et Vince qui sont là pour m'accueillir.
Massage musclé, bol de soupe, " ite missa est"....
On peut rentrer à l'hôtel qui est pile de l'autre côté de la rue , après avoir récupéré les montures avec Cyril qui est réapparu pour la bouffe.
 
Fin d'activité, vous connaissez la suite ou la devinerez aisément.
à jeudi en 16 sur la piste.
 
Bizzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz.
 
Rourou.