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sur un petit nuage

Le 17/04/2011

c'est pas moi qui le dit , c'est le Journal de l'île de la Réunion du jour :

 

TRIATHLON. Étincelant à Sydney le week-end dernier, David Hauss est de passage à la Réunion pour quelques jours.

Pour une coupure de quelques jours à la maison, on peut imaginer plus reposant. Pourtant, à peine rentré d’Australie cette semaine, David Hauss a retrouvé l’intense chemin de l’entraînement avec la satisfaction du travail bien fait au pays des kangourous. Deux courses, deux perf’. Sympa le début de saison ! Troisième à Mooloolaba sur une manche de coupe du Monde pour sa première course de 2011, il s’est classé cinquième à Sydney, dimanche dernier, à l’occasion du premier acte du circuit WCS, le championnat du monde par étapes. “Faire cinquième sur ce coup-là, vue la concurrence, c’est énorme. Les trente meilleurs mondiaux étaient là. Le plateau qui était au départ sera à peu près celui des Jeux Olympiques”, nous confiait alors Joël Hauss, son papa et son entraîneur. Neuvième au classement général mondial final en 2010, David a les moyens de viser encore plus haut. Les Jeux Olympiques de Londres en 2012 sont un moteur évident. À plus court terme, il sera aussi une des attractions du meeting d’athlétisme de Saint-Denis mercredi prochain sur la piste de Champ-Fleuri aux côtés de Raymond Fontaine. Avec l’idée, pourquoi pas de porter le maillot de la Réunion aux Jeux des Îles aux Seychelles.

Troisième à Mooloolaba, cinquième à Sydney... Pouvais-tu rêver meilleur début de saison ?

David Hauss : “C’est clair, tout va bien ! Je suis sur un petit nuage. Là, je viens de rentrer à la Réunion, c’est l’occasion de savourer un peu et de repenser à ce que j’ai vécu ces dernières semaines. À Mooloolaba et à Sydney, j’ai réussi deux courses super. En début de saison, c’est top. Ça m’enlève d’entrée pas mal de pression.

La bonne nouvelle c’est aussi que tu es de plus en plus régulier au top-niveau mondial...

Oui. C’est le travail qui paie au fil des années. J’ai plus d’expérience et j’arrive à m’impliquer toujours un peu plus saison après saison. Disons que je suis de plus en plus “pro” dans ma manière de m’entraîner et d’aborder les compétitions.

Revenons sur ta course Sydney le week-end dernier. Qu’est ce qui t’a manqué pour accrocher le podium ?

Pas facile à dire. Il n’a pas manqué grand chose tant j’avais de super-sensations. Je suis parti très vite en course à pied avec les deux frères Brownlee. Ensuite, on a un peu temporisé et l’Espagnol Gomez est revenu. J’ai eu du mal à suivre dans le final, j’ai un peu craqué dans les deux derniers kilomètres. Tant pis... Je préfère positiver. J’ai encore une fois emmagasiné de l’expérience à ce niveau. Sur ce coup-là, les autres gars étaient simplement plus forts.

De plus en plus, les courses se gagnent en course à pied. C’est un avantage pour toi ?

C’est clair que l’autorisation du drafting (ndlr : c’est-à-dire la possibilité notamment de rouler en peloton) a pas mal changé la donne. Dans huit courses sur dix, on est un gros paquet de concurrents à poser le vélo tous ensemble. Et là, ça part très vite à pied. Il faut être devant tout en évitant de s’enflammer. C’est un équilibre à trouver mais l’exercice me plaît plutôt bien.

Ton objectif de la saison, c’est de faire mieux que ta neuvième place en 2010 sur le circuit du championnat du monde ?

Oui. L’objectif numéro un, c’est au minimum entrer dans le top 6 du WCS à l’heure des comptes en fin de saison. Ce serait énorme. Ça m’offrirait un statut de médaillable aux Jeux Olympiques de Londres.

Les Jeux Olympiques justement... Y penses-tu tous les matins en te rasant ?

C’est un moteur oui. Mais au-delà des Jeux, je pense surtout à la médaille que je veux ramener des Jeux. La vraie motivation, elle est là...

Qu’est ce qui pourrait t’empêcher d’aller à Londres ?

Si je continue comme ça, il ne devrait pas y avoir de problème. J’ai maintenant beaucoup plus d’assurance sur la question. Mon séjour australien m’a conforté sur ce point. La France dispose pour l’instant de trois places pour ces Jeux. Ce sont des quotas amenés à évoluer en fonction de nos résultats de cette saison.

On a parfois du mal à imaginer ce qu’est le quotidien d’un triathlète de ton niveau... Ta journée type, par exemple, c’est quoi ?

Tiens, prenons l’exemple d’aujourd’hui. À cause du décalage horaire, je me suis réveillé très tôt sur les coups de quatre heures et quart du mat’. Je suis allé rouler deux heures à vélo. Après le petit-déjeuner, je suis monté aux Avirons et j’ai nagé 4500 mètres. Tout à l’heure en fin d’après-midi, j’irai courir...

Dans quel domaine dois-tu encore le plus progresser ?

Ma priorité, c’est la course à pied. Comme on le disait tout à l’heure, l’autorisation du drafting a pas mal changé la donne. Après avoir nagé vite pour sortir en tête, on peut se permettre de temporiser un peu à vélo tout en restant acteur de la course. Pour gagner, désormais, il faut courir très vite.

La prochaine étape du circuit mondial est programmée à Yokohama au Japon en mai. Tu as décidé de faire l’impasse. Pourquoi ?

Je n’ai pas eu le choix. Notre Directeur Technique National a relayé les consignes du ministère : pas de sportifs français au Japon pour le moment. J’irai donc courir le Grand Prix de Nice avant de retrouver le circuit mondial le 6 juin à Madrid.

Ton actualité, c’est aussi l’athlétisme et le meeting de Saint-Denis organisé mercredi prochain. Tu seras au départ du 5000 mètres. Pourquoi ?

Ça s’est décidé en janvier dernier. Après la course du Tangue, Jean-Louis Prianon m’a branché sur le sujet. Les dates tombaient bien, je me suis laissé tenter. Je suis super-content d’être de la partie. Ça va être sympa. La course est relevée. Ce sera ma première expérience sur piste. L’idée, c’est d’essayer de réaliser les minimas pour les Jeux des Îles.

Donc, tu seras peut-être de la partie aux Seychelles ?

Pourquoi pas... Si je réussis les minimas et si je peux être sélectionné, on décidera. Il faut voir si c’est compatible avec mon calendrier car j’ai une course importante à Londres au mois d’août. On verra. Si ça peut se faire, je suis partant. Je peux même faire l’aller et retour entre la métropole et les Seychelles.

Ton calendrier va encore te conduire aux quatre coins de la planète dans les mois qui viennent. Tu es conscient de ta chance ?

Bien sûr que je mesure la chance que j’ai. J’y ai beaucoup pensé pendant mes deux mois en Australie. Ce que je vis là, c’est juste génial. Je suis chanceux même si c’est une chance que j’ai provoquée. Tout me réussit en ce moment, je voyage, j’ai de bons résultats et les sponsors tombent. Que demander de plus ? Je suis un homme et un sportif heureux.”

Propos recueillis par Lukas Garcia