lu dans la presse : l'improbable triathlon

gouyette patrick Par Le 31/03/2011


Triathlon : L’improbable triathlon

Triathlon : L'improbable triathlon

Nager en mer, nos triathlètes péi savent faire. Mais nager en mer à la pointe des Galets et pendant près de huit kilomètres, c’est évidemment une toute autre affaire...

Un organisateur métropolitain planche sur le projet d’une épreuve hors normes à la Réunion en mars 2012. Les acteurs locaux sont très partagés.

Le projet se nomme “Black Iron Réunion”. Il est programmé, selon son concepteur, pour le 21 mars 2012. “Black Iron” ? Un nom de baptême, une marque qui se voudrait une nouvelle référence dans le milieu des triathlons très très longues distances, à l’image des mythiques épreuves estampillées “Iron Man” organisées aux quatre coins de la planète. Le dossier de présentation qui circule depuis quelque temps dans le milieu du triathlon réunionnais détaille avec précision le “menu” des “festivités” à boucler en moins de 24 heures. Et là, on entre carrément dans une nouvelle dimension des épreuves sportives de très longues distances. Le parcours est juste hallucinant. En entrée : 7,6 kilomètres de natation au large de la pointe des Galets entre le Grand Bassin du Port et le Bassin Barbot avec possibilité d’une pause à mi-parcours pour permettre aux concurrents “de sortir de l’eau pour se réhydrater et se reposer” et dispositif d’éloignement des requins. En plat de résistance : un tour de l’île cycliste estimé par l’organisateur à 200 kilomètres avec départ et arrivée depuis le parc à vélos installé au Port. En dessert : un trail de 84 kilomètres avec départ du Port et arrivée finale sur le stade de la Redoute à Saint-Denis via la Rivière des Galets, Ilet des Orangers, Roche-Plate, Marla, le Taïbit, Cilaos, le Cap Anglais, Hell-Bourg, Salazie, Saint-André, Sainte-Suzanne et le sentier littoral nord. Irréel ? Pas tout à fait puisque des épreuves aussi exigeantes ont déjà eu lieu dans le monde. Reste que l’organisateur se veut tout de même très ambitieux quand il espère accueillir “100 participants dès la première édition” puis “1000 participants à l’horizon 2016, venant de métropole, d’Europe, d’Afrique du Sud, d’Australie et de l’île”.

Les clubs contactés, la Ligue réservée

Pour mettre sur pied cette première édition, l’organisateur de ce “Black Iron”, (traduisez “Acier Noir”, en français) table sur le soutien d’une centaine de bénévoles. Indispensable, donc, de nouer des liens avec des relais locaux. Président du CAC, Club aquatique du Chaudron, Axel Louise fait partie des acteurs contactés. “Effectivement, le projet est programmé pour mars 2012. Et déjà, le sujet fait beaucoup parler chez les triathlètes. L’idée, ce serait que notre club apporte un soutien logistique et humain à l’organisation. Cela pourrait être un super événement”, explique le président Louise avant d’émettre, tout de même, quelques réserves. Il poursuit : “Il reste encore beaucoup de point à régler. Le dossier que nous avons reçu reste assez succinct. Dessiner un parcours et imaginer une épreuve hors normes, c’est très bien. L’appliquer concrètement sur le terrain, c’est autre chose”. Contactée, la Ligue réunionnaise de triathlon émet plus nettement de gros doutes sur la faisabilité du projet. Pas la peine de creuser bien longtemps pour comprendre que l’instance régionale n’est pas franchement emballée par l’idée. La présidente de la Ligue, Françoise Huot-Jeanmaire a bien rencontré, par courtoisie, l’organisateur métropolitain, qui serait tombé amoureux de l’île à l’occasion d’une participation au Grand Raid. “Plusieurs problèmes se posent, cadre t-elle, d’abord, le terme “ultra-triathlon” n’est pas reconnu par la Fédération française. Nous ne pouvons pas nous engager dans n’importe quel projet à l’appellation floue. Nous devons rendre des comptes à notre fédération qui reçoit elle-même une délégation de la part du ministère. On ne peut pas faire n’importe quoi. Ce n’est pas le genre d’initiative qui cadre vraiment avec nos orientations”. Plus largement, la présidente Huot-Jeanmaire, finisher de l’Iron Man d’Embrun en 2003, s’inquiète des conséquences physiques d’une épreuve aussi dantesque : “C’est le genre de pratique sur laquelle nous n’avons aucun recul. Un effort aussi énorme, cela peut se faire seulement une ou deux fois dans la vie.” En théorie, l’organisateur du “Black Iron” peut se passer du soutien de la Ligue. Dans les faits, ce sera plus compliqué même si, par exemple, l’histoire de notre Grand Raid s’est bâtie sans liens ténus avec une fédération de référence. “Si la Préfecture vient me demander mon avis, il n’ira sans doute pas dans le sens de l’organisateur”, conclut Françoise Huot-Jeanmaire. Pour son concepteur aussi, ce “Black Iron” va prendre des airs de parcours du combattant

Lukas Garcia