24 h du mans

Le 27/08/2013

 Il y avait des triathlètes aux 24 h du mans .

Patrick et bastien les anciens protagonistes du Run Sud Tri étaient coéquipiers avec deux autres "fadas" sur les 24 du mans vélo ....Si vous voulez connaitre l'ambiance de cette course , rien de plus simple ,il suffit de lire le compte rendu  de benoit  le journaliste de l'équipe

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Bédéhème le triathlon

24 heures uniques (803.33 km)

Publié le 26 Août 2013, 18:56pm

Catégories : #Compétitions

Lundi 26 août 2013 : Voici sans doute le plus long compte-rendu de course jamais écrit sur ce blog. Hier à 15h, se sont achevées les 24h du Mans vélo. Epreuve singulière que je n'aurai sans doute jamais faite sans l'enthousiasme de Patrick qui m'a invité à compléter son équipe à Noël dernier. On ne retiendra pas forcément les performances (ou contre-performances) sportives des uns et des autres. Le classement encore moins. Mais plutôt des images, des impressions, des regards, des sons, des odeurs, des goûts... Bref, une course de 24h est un condensé de beaucoup de choses, un moment hors du monde où il arrive même de philosopher, de réfléchir aux motivations profondes du besoin de certains hommes (et femmes) d'aller toucher leurs limites, de s'épanouir dans la sueur des paddock.

- Les protagonistes -

1) Francis : Jeune retraité, féru de vélo jusqu'au bout des ongles, amoureux des cols hors catégorie, équipement sans faille, esprit de compétition aiguisé, 2000 km / mois quelque soit la météo.

2) Patrick : Jeune retraité également, plusieurs fois Ironman, cycliste depuis sa première moustache, grosse expérience, meneur d'équipe avisé, organisateur hors paire, envie de se faire plaisir et de déconner avant tout.

3) Bastien : La fougue de la jeunesse (18 ans), capable de fulgurantes accélérations, de tenir la roue des meilleurs, goût du jeu, léger manque d'endurance.

4) Moi, votre serviteur : Un mix des 3 premiers. Encore assez jeune pour avoir la fougue et l'esprit de compétition, suffissament âgé pour avoir de l'endurance et jamais avare de bons de fous rires.

- Le terrain de jeu et les règles -

Le légendaire circuit Bugatti du Mans. 4.185 km dont la montée du fameux "Dunlop". Départ le samedi à 15h "à l'ancienne" (c'est à dire en courant vers son vélo). Des stands limités à 20 km/h. Le drapeau à damier le dimanche à 15h. L'équipe qui fait le plus de tours a gagné.

- Le récit -

Je pars le vendredi après midi pour Le Mans avec Odile. La voiture est pleine de tout le matériel pour pédaler, réparer, camper, manger, grignoter, boire, communiquer... On arrive au camping en fin de journée où l'on retrouve les autres membres de l'équipe qui nous avait réservés un emplacement.

On va chercher nos dossards (433 A, B, C, D) puis j'installe la tente et c'est parti pour un dernier briefing. Patrick nous offre nos maillots Ekoi noirs et nous fourni, sur un petit bout de papier plastifié, nos horaires de passage.

Pour le dîner, Francis est déjà au régime "pâtes" alors Patrick, Bastien, les femmes et moi profitons de rillettes de saumon, de homard, de sardines de Belle-île et de fruits frais avant... une soupe chinoise déshydratée.

La nuit se passe bien mais c'est la mine déjà défaite que je me lève pour le petit dej'. Je prends un café, du muesli au chocolat et du lait de soja.

Entre 8h30 et 9h30, le circuit est ouvert pour une reconnaissance. Je m'équipe et zou ! 3 tours plus tard, le verdict tombe : l'asphalte est parfaite (malgré un peu de gomme ici ou là), les trajectoires évidentes, la montée du Dunlop (et ses 7% sur le finish) capable de sanctionner tout excès de confiance.

Le briefing officiel n'apporte pas grand chose de nouveau.

Il est désormais 14h15, les premiers relayeurs sont invités sur la grille de départ avant les hymnes nationaux de 14 pays, un peu de bla bla et à 15h Francis s'élance, chaud comme la braise (ça faisait 2 jours qu'il attendait ça :-)) ! Départ canon, il est l'un des premiers sur son vélo.

- 1er Run (29.295 km à 35.15 km/h) : Rocambolesque

Selon notre feuille de route, Francis doit rouler une heure puis me transmettre la puce. A 15h40 je sors le home trainer pour m'échauffer 10' et là, derrière moi, Francis débarque, à bout de souffle... Il est parti très vite mais surtout, ses jambes ne répondent pas. Je suis encore en tong dans le paddock, sans casque, ni lunettes avec mon sweat par dessus mon maillot. Je pare au plus pressé et je m'élance. J'ai donc bien mis mes chaussures et mon casque mais je ne suis pas échauffé et mon sweat me fait très vite transpirer... La première montée du Dunlop se passe bien mais il est difficile d'attraper les roues des groupes bien lancés et surtout déjà dans le rythme. Sur le premier tour, je suis seul et je découvre notre ennemi pour d'interminables heures : le vent. Il est très fort (rafales à plus de 60 km/h) et pleine poire sur le faux plat montant avant la grimpette. Je comprends vite qu'il ne faudra JAMAIS ETRE SEUL. Après un tour, c'est mieux mais le chrono a tourné bien vite depuis les stands. Je fais plus que la demi-heure prévue pour compenser les 20' que Francis m'a laissé et je transmets le témoin à Patrick.

2è Run (16.74 km à 36 km/h) : Du vent, du vent, du vent

Cette fois-ci, je récupère la puce "normalement". Le soleil brille mais le vent est toujours aussi puissant. Quand on rejoint la piste, il faut vite trouver un groupe pour s'abriter, se mettre en jambe et grimper le Dunlop. Dans mon optique de NE JAMAIS ETRE SEUL, je prends le premier groupe qui passe et je reste dans les roues. Un peu déçu car ça ne roulait pas très vite.

3è Run (16.74 km à 37.2 km/h) : J'apprends vite

Je repère mieux les groupes qui me conviennent, notamment grâce aux équipes qui arborent des maillots de club facilement identifiables. Mes trajectoires sont de plus en plus propres, j'ai de moins en moins peur dans certaines chicanes à plus de 50 km/h au milieu de 40 coursiers. Je fatigue peu et je réalise que je préfère le vent à la pluie dans ces conditions.

4è Run (33.48 km à 32 km/h) : La nuit

Déjà le soleil se couche sur le Bugatti. L'éclairage artificiel s'allume, les vélos brillent de rouge sur l'arrière train et l'ambiance change. Avec une nouvelle soupe chaude déshydratée dans le ventre, je me sens en petite forme. Il faut pourtant pédaler une heure chacun désormais. Le vent ne s'essouffle pas. Je suis souvent seul. Je galère et quelques gars et filles encore plus usés que moi me prennent la roue. Personne pour prendre un relais. Je rentre... je vais tenter de dormir.

1er créneau de sommeil : Panne de réveil

J'arrive dans la tente, je pue la sueur, j'entre dans mon duvet tout habillé (j'ai même encore mes gants) et je ferme les yeux. Odile me dit qu'elle est ravie de ne pas partager mon duvet... :-) Tu m'étonnes ! Je règle mon réveil à 1h30. J'ouvre les yeux à 1h33 sans avoir entendu la sonnerie ! La batterie était à plat. Le con... mais je suis dans les temps pour aller aux WC et prendre mon relais.

5è Run (33.48 km à 35.8 km/h) : LE bon groupe

Je suis frigorifié. Mes vêtements sont encore moites et la première descente après le Dunlop est une horreur. Je roule seul pendant deux tours. Ma température remonte lentement et j'entends des roues sifflées derrière moi. Un groupe d'une 30aine de gars se porte à ma hauteur. Je saute dans les roues. Je m'arrache dans la côte qui suit pour ne pas les laisser filer et c'est le début du bonheur. 6 tours durant, on file le parfait amour souvent à plus de 55 km/h. Je vais vite mais ma moyenne des deux premiers tours plombent le bilan.

2è créneau de sommeil : Le fou rire

Sous la tente, Odile a froid. Cette fois-ci j'enlève mes vêtements pour qu'ils sèchent un minimum mais j'ai toujours mes gants (et je ne suis pas le seul). Je lâche une réflexion qui nous fait exploser de rire : "qu'est-ce qu'il faut être débile pour aller pédaler une heure en pleine nuit, se coucher 2h et repartir encore pédaler une heure. L'absurde dans toute sa splendeur..." Quelques gouttes de pluie tombent. Dans les paddock, l'ambiance est feutrée, monotone. On est tous un peu lassés mais personne n'arrête. Les rituels des uns et des autres sont immuables.

6è Run (33.48 km à 36.5 km/h) : Le plus facile

5h30, je sors du duvet. Je m'habille. Il fait toujours aussi froid mais il y a moins de vent. J'en ai marre du pain d'épice, pourtant il est objectivement excellent. C'est dur mentalement. Heureusement, à 6h beaucoup d'équipes semblent avoir programmé un relais. Francis débarque avec un large sourire. Il a retrouvé ses jambes et vient de tourner avec les meilleurs. J'ai la chance de repartir directement dans leurs roues. Le challenge me motive et je tiens un bon moment. C'est des malades quand même ces mecs ;-) L'aube arrive.

3è créneau de sommeil : Odile a pris ma place dans la tente. Je me retrouve sur le lit de camp. Une averse plus forte qu'une autre me berce.

7è Run (16.74 km à 38.8 km/h) : THE RUN !

Je sors encore une fois des stands avec des costauds. Ca va très vite. Je me régale et retrouve le sourire. Je tente même de m'approcher de la tête du groupe mais je n'ai pas les jambes pour prendre un relais. Dans la 4è montée du Dunlop deux gars chutent devant moi. Obligé de freiner juste avant les 7%. Dur dur de relancer mais je ne tombe pas.

8è Run (12.555 km à 37.6 km/h) : Grosse frayeur

Tout le monde est désormais réveillé. Nos heures de passage sont un peu déréglées. Je prends mon relais en retard alors je pars pour 3 tours seulement. J'envoi du lourd, autant que je peux, malgré l'énorme petit dej' que je viens d'avaler. Les jambes suivent mais dans la descente très rapide qui suit le Dunlop un gars casse sa valve arrière et son pneu déjante, 3 mètres devant moi, à près de 50 km/h !!! Il va droit dans l'herbe et ne tombe pas. Moi non plus... Ouf !

9è Run (16.74 km à 37.2 km/h) : La quille

Il est 13h, je pars pour mes 4 derniers tours. J'ai encore de l'énergie à revendre. Il fait enfin chaud mais le vent signe son retour. Je roule vite et je prends plaisir à aider quelques concurrents en difficulté. Je leur dis clairement de s'accrocher à mes roues. Je ramène ainsi 2 gars et une fille dans un fauteuil jusqu'au stands. Un geste de la main de leur part suffit à mon bonheur. Je passe la puce à Patrick pour la dernière fois. Ma course est finie. Il est 13h30. Aux autres de se faire plaisir une dernière fois.

Bilan de l'équipe : 192 tours - 803.33 km en 24h - 33.47 km/h de moyenne - 78è sur 139 en catégorie Prestige (équipe de 4).

A titre perso : 209.1 km en 5h52' soit 35.64 km/h de moyenne. Pile dans mon objectif !

Difficile de tirer une conclusion aussitôt après la course mais l'expérience est évidement à vivre. Il faut faire ce genre d'épreuve au moins une fois dans sa vie. Le finish est moins exaltant qu'un Ironman ou même qu'un marathon mais on y vit des émotions et une fatigue toute particulière.